La crise civique, politique et sociale a éclaté au grand jour au premier tour de l’élection présidentielle de 2002. Elle reste endémique et paralyse les volontés réformatrices.
Un État ankylosé, des pouvoirs politiques coupés de la société civile, des forces sociales marginalisées, des citoyens désemparés : la France semble inapte à la réforme.
Or, notre pays est affronté à des défis majeurs : la domination des marchés financiers, l’exclusion, l’allongement de la durée de vie, la réforme de l’État …
Heureusement, des motifs d’espoir existent : des valeurs rénovatrices – personnalisation, solidarité, proximité – sont à l’œuvre. Des associations, des militants s’attaquent avec courage aux pesanteurs historiques de gauche et de droite. Ils font progresser le changement des mentalités, condition du changement social. Ils portent une exigence de réforme, qui ne fait que croître. Ils la rendront possible.
Martine Barthélémy axe, pour l’essentiel, ses travaux sur la pratique associative dans notre pays, le militantisme associatif, le bénévolat, la participation des citoyens à la vie sociale dans le cadre des associations. Son récent ouvrage, « Associations : un nouvel âge de la participation ? », paru aux Presses de Sciences Po au printemps 2000, fait le bilan de plusieurs années de réflexions et d’enquêtes empiriques sur le sujet. A l’inverse des organisations partisanes et syndicales, les associations bénéficient d’une reconnaissance croissante depuis un quart de siècle. Sont-elles devenues le fer de lance de la démocratie ? Si oui, comment s’établit la rencontre entre la légitimité républicaine du suffrage universel et la légitimité « participative » des associations ? Quelles évolutions sont intervenues, depuis la loi de 1901, dans les relations entre la puissance publique et les associations ? Pourquoi se dire bénévole plutôt que militant ? Les traditions politiques et les clivages idéologiques isolent-ils des catégories d’acteurs et d’associations ?
" Qu’est-ce qu’être citoyen ? " La question s’est imposée ces dernières années et surtout ces derniers mois que ce soit à travers l’actualité sociale ou les dernières élections. " C’est la multiplication des revendications qui interroge, tous exigent plus de droits ignorant les devoirs, il y a une tendance à privilégier l’intérêt individuel sans penser à l’intérêt général ".
On assiste à une déconstruction du modèle classique de la citoyenneté et à sa dépolitisation : désaffection des urnes, aspiration à l’exercice direct de la citoyenneté hors des mécanisimes classiques de représentation, mobilisation permanente sur le mode associatif, revendicatif plus que constructif.
Mais comment s’en étonner quand le statut social d’une partie de la population s’effrite au point de faire jour à de nouvelles formes de pauvreté (4 millions de personnes selon des dernières estimations), quand les manifestations d’incivisme prolifèrent au point de parasiter en profondeur la vie commune, quand la nation pâlit au profit de nouvelles formes d’identités infra ou supra nationales. Jacques Le Goff animera un débat où il sera posera la question " Quel sens revêt la citoyenneté, héritage d’une histoire héroïque ? "
Le journaliste Jean-Claude Guillebaud animera un débat sur le thème : « Face au marché, la démocratie est-elle en danger ? ». Né en 1944, à Alger, licencié en droit, diplômé d’études supérieures de sciences criminelles, Jean-Claude Guillebaud a commencé une carrière de grand reporter à Sud-Ouest (1965-1972) avant de rejoindre « Le Monde » (1972-1980). Il est grand reporter au Nouvel Observateur depuis 1989 et éditorialiste à Sud-Ouest depuis 1986. Depuis 1969, il a publié 18ouvrages ; dont, en 1988, « La tyrannie du plaisir » (Prix Renaudot-Essai). En tant que producteur de magazines télévisés, on lui doit notamment « Vive la crise » en 1984, ou bien encore la série « L’histoire immédiate » (1987-1990). Fondateur (et directeur de 1986 à 1988) des éditions « Arléa », Guillebaud est par ailleurs conseiller littéraire et directeur de collections aux éditions du Seuil depuis 1978. « Le siècle qui se termine nous laisse affolés de massacres et abasourdis d’inventions », estime-t-il. « Notre angoisse vient du fait que le progrès court plus vite que la pensée et ne semble maîtrisé par personne ». La loi du marché, il s’en méfie évidemment. « Au-delà d’une certaine limite, l’individualisme se retourne contre la liberté. Il nous faut nous resouvenir de valeurs communes ».
Catherine Trautmann ouvrira le 10e forum de l’an 2000 « Démocratie sans rivages ».
Première table ronde : « Comment devient-on démocrate ? ».
La seconde : « Espace public, médias et démocratie »
Le philosophe Claude Lefort sera chargé de clore les débats
Quatre autres rencontres sont proposées au public avec des philosophes, des économistes, des historiens, des politiques venus des quatre coins du monde. Comme le dissident chinois Wei Jingsheng, le politologue russe Andreï Gratchev ou le philosophe américain, conseiller du président Clinton, Benjamin Barber.
Jusqu’à la fin des années 90, M. Gilles Johanet a défendu un numerus clausus bas qui a eu des conséquences sur la diminution drastique du nombre de médecins formés et sur la question des déserts médicaux en France au début du XXIe siècle1 En 2002, il démissionne de son poste de directeur de la CNAMTS, face au refus de Martine Aubry d’accepter son plan stratégique pour la Sécurité sociale, comprenant, notamment, le conventionnement sélectif des médecins en fonction des besoins géographiques.
Pierre Rosanvallon, directeur d’études à l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences sociales, parlera de « La crise du politique ». Avec son regard d’historien et de sociologue, il analysera le fossé qui semble aujourd’hui se creuser entre la société et les institutions (notamment politiques) qui prétendent représenter les citoyens. Secrétaire général de la Fondation Saint-Simon, Pierre Rosanvallon a mené un travail d’historien sur les relations entre l’Etat et l’individu dans la société libérale et démocratique. Sa réflexion sur la politique contemporaine l’amène à cerner la spécificité d’une démocratie à la française.