Dalil Boubakeur, personnalité de la communauté musulmane en France, est Recteur de la Grande Mosquée de Paris depuis 1992, il a été président du Conseil français du culte musulman de 2003 à 2008, puis de 2013 à 2015.
Le big-bang des astrophysiciens a-t-il remplacé la bible et les textes de la Genèse sur la création ? C’est en effet une des questions que se posent aujourd’hui de nombreux jeunes dans notre société et Thierry Magnin montrera qu’il n’en est rien, mais que la science et la théologie ont besoin l’une de l’autre dans la recherche de la vérité. Les sciences dures (mathématiques et physique notamment) retrouvent au XX e siècle les questions existentielles les plus essentielles à travers les théories scientifiques modernes, notamment en physique et astrophysique. C’est en fait la question du sens de la vie, de l’univers, de l’homme qui se pose à partir de la science d’aujourd’hui. Par là, les scientifiques rejoignent les grandes questions de la philosophie de toujours, des sagesses et des traditions religieuses. Il s’agira de montrer comment et dans quelles limites.
René Mouailhat, professeur d’histoire au centre universitaire de Dijon est l’invité de cette soirée. Le Conseil national des programme du ministère de l’Education (présidé par le philosophe Luc Ferry) a introduit depuis quelques années l’histoire du fait religieux dans les programmes d’histoire en collège et lycée. Centré essentiellement sur les trois religions monothéistes (judaïsme, christianisme, Islam) cet enseignement vise à combler une lacune, à savoir l’inculture religieuse. Une commission en 1984 (Savary), puis une mission de réflexion sur l’enseignement de l’histoire, de la géographie et des sciences sociales (Jospin), présidée par Philippe Joutard, secteur de Besançon ont formé un groupe de travail qui a remis son rapport en septembre 1989 au ministre. En voici un extrait : « C’est donc un pan entier de notre mémoire collective qui est menacé. L’ignorance du religieux risque d’empêcher les esprits contemporains, spécialement ceux qui n’appartiennent à aucune communauté religieuse, d’accéder aux oeuvres majeures de notre patrimoine artistique, littéraire et philosophique, jusqu’au XIXe siècle au moins. Il suffit, par exemple, de parcourir les salles de peinture du musée du Louvre pour se rendre compte de l’importance des sujets religieux, et on peut évoquer pêle-mêle Racine, Descartes, Rousseau ou Victor Hugo, parmi bien d’autres : tous s’inscrivent dans une culture à forte composante religieuse. Cette ignorance ne permet pas non plus d’appréhender nombre de réalités contemporaines dont on mesure de plus en plus l’importance (cf : le Moyen-Orient ou les Etats-Unis). Enfin une diversité religieuse plus grande en France avec le développement d’une importante communauté musulmane, rend plus urgente encore, une large information ». Mais cette implication de l’histoire des religions n’est pas sans poser de problèmes dans une république qui revendique la laïcité. Définie par Jules Ferry comme « neutralité de l’école au point de vue confessionnel », cette laïcité a parfois aussi été interprétée comme une lutte contre la religion. La laïcité d’abstention de Jules Ferry s’est métamorphosée en laïcité d’opposition. Comment donc aujourd’hui enseigner l’histoire des religions sans porter atteinte à la laïcité ? Quelles stratégies mettre en place pour respecer la liberté de conscience ? Autant de questions importantes que René Mouailhat abordera dans sa conférence
Gilles Kepel, directeur de recherche au CNRS, parlera de « L’islamisme en crise : Algérie, Egypte, Iran ». Gilles Kepel est un des spécialistes mondialement reconnu de l’islam contemporain. Il a publié aux éditions du Seuil plusieurs ouvrages qui font autorité : « Le prophète et le pharaon » (1984) ; « Les banlieues de l’Islam » (1991), « A l’ouest d’Allah » (1994). Dans l’introduction de ce dernier livre, Gilles Kepel nous invite à réfléchir à la mise en perspective des affirmations identitaires islamiques dans l’Occident d’aujourd’hui. L’affaire Rushdie, les affaires du voile ou l’islamisation des ghettos noirs américains, sous l’égide des Blacks Muslims, en sont les expressions les plus spectaculaires et les plus contreversées. Sans oublier, bien évidemment, la dramatique situation que connaît aujourd’hui l’Algérie.