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Denis CLERC

économiste et journaliste

L’enjeu des 35 heures

jeudi 11 mars 1999 20h30

Denis Clerc, directeur de la revue « Alternatives économiques » parlera le 11 mars prochain des enjeux et perspectives du passage aux 35 heures. La réduction du temps de travail constitue un processus universel et historique qui se poursuit sous nos yeux. La commission européenne a observé que dans la totalité des pays membres, pour la période 1983-1995, la durée hebdomadaire du travail a diminué en moyenne d’une heure et demie, passant de 40 heures à 38 heures et demie. La réduction du temps de travail s’est déroulée, dans le temps, dans un contexte de gains formidables de productivité et s’est accompagnée d’une amélioration importante du pouvoir d’achat pour les salariés. Alors, les 35 heures ? La potion magique ? A lire la presse, à entendre les prises de position aussi radicales que contradictoires, cela ne paraît pas si évident. Les employeurs n’en veulent pas, bon nombre de salariés craignent pour leur pouvoir d’achat, les chômeurs s’interrogent sur la réalité des créations d’emploi promises et le citoyen reste dubitatif devant ce débat qu’il juge souvent opaque. Pour l’éclairer au mieux, La Liberté de l’esprit a invité Denis Clerc, fondateur de la revue « Alternatives économiques », diffusée actuellement à plus de 100.000 exemplaires. Cet économiste de formation a été enseignant à l’université de Bourgogne. Il est l’auteur d’une d’une douzaine d’ouvrages dont le plus connu est « Déchiffrer l’économie » et « Réduction du temps de travail : que croire ? », toujours d’actualité. Ce n’est pas en économiste pur et dur que Denis Clerc abordera le sujet. En élargissant le champ d’analyse au-delà du conjoncturel qu’il n’ignore pas bien sûr, cet humaniste aidera à mieux comprendre les évolutions et les perspectives de travail qui dessinent, peut-être en cette période, un tournant de notre civilisation




Le Télégramme de Brest 13/3/1999

Denis Clerc : « La fin du travail n’est pas pour demain »

Liberté de l’Esprit Denis Clerc, directeur de la revue « Alternatives économiques » et rédacteur au « Monde diplomatique » était jeudi soir l’invité de l’association la Liberté de l’esprit. Son discours, optimiste et brillant, a rejeté la thèse de la disparition progressive de l’emploi. Les premiers ouvrages sur la fin du travail remontent au début des années 70. « En pleine remise en cause idéologique, on souhaitait en finir avec ce vieil esclavage de l’humanité » a raconté Denis Clerc. « Plus tard, dans les années 80, le discours dominant a laissé entendre que le changement technique économiserait le travail ». La troisième révolution industrielle serait-elle donc fatale à l’emploi ? « Non » a répondu l’économiste. « Les effectifs de l’automobile ont certes chuté de 30 % en France depuis 1990. Mais la production a parallèlement augmenté de 30 %. Les gains de productivité ne sont pas partis dans la nature. Il y a toujours eu au bout du compte un ou plusieurs bénéficiaires : les patrons, les salariés ou les consommateurs » De nouveaux besoins L’argent recyclé a ainsi permis selon lui de satisfaire de nouveaux besoins. Des emplois ont disparu ici et réapparu ailleurs. « Les gains de productivité de chez Renault permettent de développer des stations de ski ». L’économiste n’a pas manqué de rappeler la célèbre formule d’Alfred Sauvy excluant par la même tout hypothèse de destruction d’emploi. « Les perdants sont ceux dont la compétence est difficile à mettre en valeur ». Et Clerc, en vertueux social-démocrate, de plaider en faveur d’une solidarité accrue : « sommes-nous suffisamment solidaires pour un recyclage des revenus ? ». L’emploi n’a pas diminué Denis Clerc a par la suite évoqué le cas de la France, secouant au passage quelques idées reçues : « l’emploi n’a pas diminué dans notre pays. Si l’on s’en tient au salariat uniquement, il y 74a aujourd’hui 21.120.000 postes de travail contre 17.200.000 en 1973, soit une progression e 17 % en 25 ans ! ». Mais hélas, il y a eu dégradation de l’emploi : « il y a au total 5.000.000 de chômeurs en France ». Les causes de ce fléau sont multiples. Clerc évoque en priorité « l’effet retard de la modernisation ». « Notre pays comptait jusqu’au début des années 70, une très forte proportion d’agriculteurs et de travailleurs indépendants. Leur nombre a depuis considérablement diminué. Il a fallu faire face à des transferts de population active sans précédent dans notre histoire ». Parallèlement la population active a progressé dans des proportions extraordinaires avec notamment le retour des femmes sur le marché du travail, tournant ainsi « la page de la latinité ». Un chemin accéléré qui s’est fait trop rapidement. Miser sur le qualitatif Les pistes à emprunter pour sortir de l’ornière ne manquent pas, estiment l’économiste. Il faut avant tout miser sur la croissance. « Elle est encore trop faible. Les autorités politiques ont appuyé sur le frein afin de privilégier l’investissement monétaire ». Une réduction du temps de travail bien faite peut, en outre, créer de « 350 à 500.000 emplois ». A condition qu’elle soit bien faite : « il ne faudrait pas sous prétexte de flexibilité, laisser la précarité se développer ». Et Denis Clerc de conclure : « les ouvertures sont possibles à condition de faire preuve d’imagination et de volonté. En 20 ans, on n’a pas fait grand chose pour adapter les gens. Le problème essentiel demeure le qualitatif à savoir la formation ».



Ouest-France

L’économiste ne croit pas à la destruction du travail Emploi : Denis Clerc plutôt optimiste

Annoncée comme une conférence consacrée aux 35 heures, l’intervention de Denis Clerc, jeudi dans le cadre des soirées de la Liberté de l’esprit, n’a pas tenu ses promesses. Et c’est tant mieux. Car l’économiste élargit le débat et livre une réflexion globale sur le travail. Une réflexion relativement optimiste.

On s’attend à un débat sur la réduction du temps de travail. Et on découvre avec plaisir une réflexion globale sur l’avenir du travail en France. C’est la surprise réservée par Denis Clerc jeudi soir aux participants à la conférence organisée par la Liberté de l’esprit. L’homme a une formation d’économiste. Et en première partie de soirée, il a offert une démonstration magistrale. Méthodiquement, il démonte la pensée de ceux qui prévoient la fin du travail. " Ils se fondent sur les changements technologiques et les gains de productivité induits pour annoncer cette issue. Je ne suis pas d’accord avec cette analyse. Le progrès technique n’est pas en soi destructeur d’emploi ", assure Denis Clerc.

" On ne va pas attendre 2020

L’économiste explique sa théorie. Les gains de productivité entraînent les suppressions d’emplois. Mais le pouvoir d’achat supplémentaire dégagé (dans l’hypothèse, contestée par certains, où les bénéfices augmentés profitent aussi aux salariés) va provoquer une demande nouvelle, surtout au niveau des services et des loisirs. " On a pu dire que les stations de ski ont profité des gains de productivité. " De nouveaux emplois sont donc crées. " Attention, ceux qui ont perdu leur emploi ne sont pas obligatoirement ceux qui vont bénéficier de ces créations. Il y a des perdants. " Si ce n’est pas le progrès technique qui provoque le chômage, d’où vient ce qui apparaît alors comme une fatalité ? Denis Clerc ausculte la France depuis 1973. Il livre son pronostic : effet retard de la modernisation, explosion de la population active, effet du baby boom, retour des femmes au travail. " Notre situation est donc provoquée par une conjoncture particulière. Mais ce qui est fait n’est plus à faire ... " C’est-à-dire que les années passant, la situation devrait s’améliorer " naturellement ". Avec, par exemple, le départ en retraite de générations les plus nombreuses. Denis Clerc ne se satisfait pas de cette perspective plutôt rassurante (qui élude les effets de la mondialisation de l’économie). " Qu’est-ce qu’on peut faire ? On ne va pas attendre tranquillement 2020 ? " L’économiste livre des recettes. Classiques : croissance économique, création d’entreprises et … réduction du temps de travail. " A ce sujet, je suis plutôt optimiste. Même si ce ne sera pas aussi créateur d’emploi que certains l’affirment. " Denis Clerc évoque aussi les difficultés rencontrées par ceux qui, de toute évidence, auront du mal à retrouver un emploi. " Dans ce cas, la solidarité s’imposera. "

Durant le débat, l’économiste a tombé la veste. Car Denis Clerc est aussi un patron (PDG fondateur du mensuel Alternatives économiques). Et là, il a répondu aux interrogations sur les 35 heures. Point de vue pragmatique d’un acteur de la vie économique. " Il faut faire des compromis de part et d’autre. Mais attention à la flexibilité extrême qui dégraderait les conditions de travail des salariés de façon inacceptable. " Au passage, le chef d’entreprise égratigne ses collègues : " Le patronat français est en retard d’une guerre. Entre le knout et la négociation, il faut choisir. "

Jean-Pierre LE CARROU,






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