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Jean-Jacques SALOMON

philosophe et écrivain

La science, jusqu’où ?

dimanche 4 mars 2001 20h30

« L’ère du soupçon »

A l’occasion de son passage quimpérois, Jean-Jacques Salomon évoquera « La science : jusqu’où ? ». « Nous sommes entrés au XXI e siècle dans l’ère du soupçon vis-à-vis de la science, et surtout des avancées spectaculaires de la technologie, note la Liberté de l’esprit. La mise en péril de la planète et de l’humain dans son devenir nous obligent à nous poser la question : où nous emportent les techniques ? » A noter que Jean-Jacques Salomon est l’auteur de nombreuses publications sur la question, le dernier en date, « Survivre à la science : une certaine idée de l’avenir », étant paru en 1999 chez Albin Michel. Jean-Jacques Salomon, « La science : jusqu’où ? Où nous emportent les techniques ? »




le 5 mars 2001

Le principe de précaution de J.-J. Salomon.

Faut-il craindre le progrès scientifique ? Invité jeudi soir de la Liberté de l’Esprit, le professeur Jean-Jacques Salomon a brillamment plaidé pour une maîtrise du changement technique sous la tutelle du régulateur politique.

La science : jusqu’où ? Un fascinant et inquiétant sujet propre à susciter mille et une interrogations. " Auparavant, la question ne se serait pas posée, ou du moins pas sous cette forme, souligne d’emblée Jean-Jacques Salomon. Le positivisme du XIXè siècle associait en effet progrès moral et progrès matériel. En cas de pépin, on s’en prenait uniquement à la technique, pas au scientifique ".

Dans la foulée, l’auteur de " Survivre à la science " confronte le passé et le présent. " L’écart entre d’un côté la technique, de l’autre l’organisation sociale, politique et morale des nations ne cesse de croître. En résumé, la science a perdu son innocence. " Elle a commis le péché " pour reprendre l’expression d’Oppenheimer, à propos de la physique ".

Pour éviter tout malentendu, Salomon ne manque toutefois pas de rappeler que " le progrès vaut mieux que l’ignorance ".

" Cette préférence n’exclut pas de s’interroger sur les dérives et menaces dont la science est le théâtre ", poursuit-il.

Et le conférencier de dérouler un inquiétant inventaire à la Prévert : vache folle, poulet à la dioxyne, gestion des déchets nucléaires ...

" Chacun de ces problèmes ouvre un débat qui ne se limite pas à son contenu scientirfique. Car la problématique est également d’ordre politique ".

Le principe de précaution

Et l’avenir dans tout ça ? Forcément incertain. " La frontière entre le vivant et la machine va-t-elle disparaître ? ", s’interroge Salomon.

Par là même se pose la question de la maîtrise. " En refusant des transiger sur les valeurs humaines fondamentales, nous pourrons faire face à ces mutations ", estime-t-il quand même.

Un élément de taille pour affronter l’avenir : le principe de précaution. " En démocratie, une régulation s’impose, fut-ce au détriment de l’institution scientifique. Il ne s’agit, en fin de compte, qu’un retour au fameux principe de prudence d’Aristote qui assimile le prudent au valeureux ".

La sécurité néanmoins est relative. " L’application de la science à la gestion des affaires humaines peut conduire à l’horreur (collusion entre IBM et l’Allemagne nazie). Il faut donc se familiariser avec la culture du risque ".

Pour affronter ces risques, Jean-Jacques Salomon refuse quelque gouvernement des experts que ce soit. " Seul le pouvoir politique doit trancher. Quitte à trancher contre les experts ! ". Autre piste pour éviter toute dérive : " le nécessaire rapprochement entre les cultures littéraires et scientifiques ". Un chantier décidément bien vaste !

Gilles CARRIÈRE



Biographie

Jean-Jacques Salomon (né en 1929 - mort le 14 janvier 2008) est un philosophe et écrivain français. Il a été professeur au Conservatoire national des arts et métiers (CNAM), titulaire de la chaire « Technologie et société » ; il a aussi été conseiller scientifique du groupe "Futuribles", et est l’auteur de nombreux livres et articles.

Jean-Jacques Salomon a été l’élève de Raymond Aron et de Georges Canguilhem sous la direction desquels il a obtenu son doctorat d’État (Philosophie et Histoire des Sciences, 1970). Après une première carrière dans le journalisme (France Observateur, L‘express, Constellation et réalités), doublée d’une expérience de l’enseignement de la philosophie (Collège Sainte-Barbe, 1956-1958), il se tourne vers la politique scientifique : en 1963, il rejoint l’OCDE comme secrétaire des premières Conférences ministérielles sur la science. À partir de 1965, et jusqu’en 1983, il occupe le poste de Chef de la Division des politiques de la science et de la technologie, auprès de la Direction de la science, de la technologie et de l’industrie. Dans cette fonction, il participe à l’émergence et à l’écriture de nombreux rapports d’importance : La recherche fondamentale et la politique des gouvernements (1966), Science. Croissance et société (1971), Science et technologie pour l’énergie (1975), Changement technique et politique économique (1980), Politique scientifique et technologique pour les années 1980 (1981).

En parallèle, Jean-Jacques Salomon mène une carrière d’enseignant-chercheur. Il est professeur invité dans de nombreuses universités : Massachusetts Institute of Technology (1968-69 ; 1973 ; 1996), à Harvard (1970), à l’Université de Montréal (1980) ; à l’Institut des Hautes études de l’Université de Saõ Paulo (1975) ; à l’Université de New Delhi. En 1978, il est élu professeur titulaire de la chaire « Technologie et société » au Conservatoire national des arts et métiers (CNAM), où il crée et dirige le Centre de recherche « Sciences, technique et société » (STS). En 1983, il est élu Fellow de Clare Hall, Cambridge (1983) ; en 1996, il devient membre de l’Academy of Arts and Sciences de New York.

De 1991 à 1995, il préside le Collège de la prévention des risques technologiques, dont il était membre depuis 1990, et qui sera dissout sous le gouvernement Juppé. Il participe par ailleurs aux travaux de la Fondation européenne de la science (European Science Foundation), dont il préside de 1977 à 1979 le Comité permanent des sciences sociales (Standing Committee for Social Sciences). De 1974 à 1979, il préside également le Conseil international des études de politique scientifique (ICSPS rattaché à l’ICSU). Il est membre du Mouvement Pugwash.

Bibliographie

 2007. Une civilisation à hauts risques (Paris : éditions Charles-Léopold-Mayer) - ISBN 978-2-84377-130-9
 2006. Les scientifiques. Entre savoir et pouvoir (Paris : Albin Michel)
 2001. Le scientifique et le guerrier (Paris : Belin, coll. « Débats »)
 1999. Survivre à la science. Une certaine idée du futur (Paris : Albin Michel)
 1999. Prométhée empêtré. La résistance au changement technique (Paris : Anthropos)
 1994. Le risque technologique et la démocratie (dir.), Collège de la prévention des risques technologiques (Paris : Documentation française)
 1994. La quête incertaine. Science, technologie, développement (avec Francisco Sagasti, Céline Sachs-Jeantet) (Paris : Economica)
 1994. Le destin technologique (Paris : Gallimard, coll. « Folio Actuel », nº35. 1re éd. : Balland)
 1989. Science, guerre et paix (Paris : Economica). Paru en anglais sous le titre Science, War and Peace (New York & Paris : St.-Martin Press & Economica)
 1988. L’écrivain public et l’ordinateur. Mirages du développement (avec André Lebeau) (Paris : Hachette). Paru en anglais en 1993 (New-York : Boulder).
 1986. Les enjeux du changement technologique (avec Geneviève Schméder). (Paris : Economica)
 1986. Le Gaulois, le cow-boy et le samouraï. Réflexions sur la politique française de la technologie (Paris : Economica)
 1982. Prométhée empêtré. La résistance au changement technique. Paris : Pergamon. Nouvelle édition en 1984 (Paris : Anthropos)
 1974. Le système de la recherche. Vol. III. Paris : OCDE, éditions française et anglaise
 1973. Le système de la recherche. Vol. II. Paris : OCDE, éditions française et anglaise
 1972. Le système de la recherche. Vol. I. Paris : OCDE, éditions française et anglaise
 1970. Science et politique. Paris : Le Seuil. Ré-édition en 1989, Paris : Économica. Paru en anglais en 1973 (Londres : MacMillan ; Cambridge, Mass. : MIT Press) et en espagnol en 1974 (Mexico, Madrid, Buenos Aires : Siglo Veintiuno)




Messages

  • Salomon,J-J,auteur prolifique et éminement très pertinent,sa pensée m’a fascinée depuis ma 1ère année de philosophie.A présent,je vais lui rendre hommage en soutenant un mémoire de MASTER sur le thème:Technoscience et devenir de l’homme.une lecture du Destin Technologique de Jean-Jacques Salomon,sur sa philosophie des sciences.Pour ce fait,j’aimerai que sa Chaire m’aide à cet égard. Je suis FRANC NONGNI dépuis l’université de Yaoundé I au Cameroun,étudiant en Master I Philosophie.



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