amphithéâtre de l’hôtel Mercure, avenue de la gare à Quimper
Pourra-t-on vaincre la maladie ?
jeudi 8 février 2018 19h00
Qu’y a-t-il de commun entre la médecine d’hier et celle qui se prépare dans les laboratoires ? Claude Férec, chercheur réputé à l’échelle internationale sur les maladies génétiques rares (comme la mucoviscidose) nous a fait part de son expérience de chercheur en médecine d’abord, mais aussi de directeur de recherche et enfin d’homme engagé contre la maladie, avec si nécessaire le soutien des familles.
Avec Claude Férec, professeur de génétique à Brest, ancien directeur du laboratoire de génétique INSERM (Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale) nous dresserons également les multiples perspectives de la médecine de demain basées notamment sur une meilleure connaissance du génome humain comme la médecine prédictive, la thérapie génique…
Après une présentation des évolutions passées de la recherche et des pratiques en médecine, nous avons abordé avec Claude Férec les évolutions attendues autour des nombreuses maladies, connues ou plus rares, d’origine génétique ou environnementale.
Ensemble, nous avons essayé de comprendre et répondre à ces questions :
En quoi la recherche et notamment la meilleure connaissance du génome humain, prépare de nouvelles méthodes de détection ou de prédiction de certaines maladies, mais aussi de leur traitement (ex. : médicaments contre des cancers d’origine génétique)
Comment penser l’évolution des pathologies et des maladies en fonction de l’âge (ex : Alzheimer), de l’environnement, des habitudes des futurs patients (ex : diabète, maladies cardiovasculaires…) ?
Comment peut-on penser les investissements en recherche médicale : quels bénéfices pour quels coûts ? et quels bénéficiaires ?
Quelle place pour les malades eux-mêmes dans la gestion de leur santé et donc de leurs maladies ? Quels rapports entre médecins et malades ?
« Pourra-t-on vaincre la maladie ? », c’est la question qu’évoquera Claude Férec, professeur de génétique à Brest, le 8 février dans le cadre des conférences de la Liberté de l’esprit.
Interview.
Qu’y a-t-il de commun entre la médecine d’hier et celle qui se prépare dans les laboratoires ?
Hier comme d’aujourd’hui, c’est le malade qui doit rester au centre de nos préoccupations et de notre prise en charge. Mais notre médecine d’aujourd’hui n’a plus grand-chose à voir avec celle du début du XXe siècle. Il y a un peu plus de cent ans, nous n’avions pas d’antibiotiques, les maladies infectieuses n’étaient pas empêchées par les vaccinations, nous n’avions pas de médicaments actifs contre le cancer... Marie Curie inventait la radiographie et la transfusion sanguine naissait dans les tranchées de la Grande Guerre. Et on ne parlait même pas de génétique à cette époque ! Aujourd’hui, nous sommes entrés dans l’ère de la médecine de précision au niveau du diagnostic, de la prévention et de la thérapeutique grâce en particulier aux progrès de l’imagerie et de la génétique.
En quoi la recherche ? et notamment la meilleure connaissance du génome humain ? prépare-t-elle de nouvelles méthodes de détection ou de prédiction de certaines maladies ?
Les progrès extraordinaires de la génétique que nous vivons depuis les années 1950 qui ont conduit au séquençage du génome humain ont ouvert de nouveaux champs de recherche et nous ont permis d’identifier plus de 3.000 gènes responsables de maladies humaines. Aujourd’hui, nous pouvons, non seulement réaliser des diagnostics moléculaires précis avant la naissance, mais identifier, dans certaines maladies, les sujets susceptibles de développer une pathologie. Cela a conduit à la naissance de la médecine prédictive illustrée par la découverte des gènes BRCA responsables des cancers du sein et de l’ovaire chez les femmes porteuses d’une mutation dans ces gènes. Ce sont aussi les progrès que nous avons faits dans l’analyse moléculaire des tumeurs qui permettent la mise en place de thérapies ciblées dans le traitement de certains cancers, comme le mélanome ou le cancer du poumon non à petites cellules, par exemple.
Un enfant sur deux nés en 2018 en France passera le cap des 100 ans. Sera-t-on en mesure de dépasser les limites de la performance humaine ?
À la lumière des connaissances que nous avons aujourd’hui, je ne le pense pas. Nos cellules sont programmées pour naître, vivre, se diviser et mourir. Mais peut-être un jour pourra-t-on freiner ce processus inéluctable. Tout cela est inscrit dans notre patrimoine génétique mais la connaissance de nos facteurs de risques peut nous aider et nous permettre d’être acteur de notre vie et de notre santé.
Pourra-t-on mieux évaluer l’évolution des pathologies et des maladies en fonction de l’âge ?
Oui. Nous voyons, aujourd’hui, que de nombreuses pathologies qui évoluaient rapidement vers une issue fatale sont aujourd’hui des maladies chroniques dont on peut contrôler l’évolution pendant de nombreuses années.
N’y a-t-il pas, au final, le risque de voir apparaître une médecine à deux vitesses ?
C’est, en effet, un problème de société même si nous avons la chance, dans notre pays, d’avoir un très bon système de prise en charge de la maladie et une médecine d’excellente qualité. Il est vrai, néanmoins, que le coût pharamineux des prises en charge de nouvelles thérapeutiques dans les maladies rares ou dans le cancer pose de vrais problèmes de santé publique et il est de notre responsabilité collective de faire en sorte qu’il y ait une égalité dans la prise en charge de tous les citoyens dans toutes les régions de notre territoire. C’est une exigence républicaine !
Pratique
Conférence le jeudi 8 février, à 19 h, à l’amphithéâtre de l’hôtel Mercure. Entrée : de 3 € à 8 €.
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Claude Férec. La médecine de demain en question
Le Télégramme Publié le 01 février 2018 / Propos recueillis par Gilles Carrière
« Pourra-t-on vaincre la maladie ? », c’est la question qu’évoquera Claude Férec, professeur de génétique à Brest, le 8 février dans le cadre des conférences de la Liberté de l’esprit.
Interview.
Qu’y a-t-il de commun entre la médecine d’hier et celle qui se prépare dans les laboratoires ?
Hier comme d’aujourd’hui, c’est le malade qui doit rester au centre de nos préoccupations et de notre prise en charge. Mais notre médecine d’aujourd’hui n’a plus grand-chose à voir avec celle du début du XXe siècle. Il y a un peu plus de cent ans, nous n’avions pas d’antibiotiques, les maladies infectieuses n’étaient pas empêchées par les vaccinations, nous n’avions pas de médicaments actifs contre le cancer... Marie Curie inventait la radiographie et la transfusion sanguine naissait dans les tranchées de la Grande Guerre. Et on ne parlait même pas de génétique à cette époque ! Aujourd’hui, nous sommes entrés dans l’ère de la médecine de précision au niveau du diagnostic, de la prévention et de la thérapeutique grâce en particulier aux progrès de l’imagerie et de la génétique.
En quoi la recherche ? et notamment la meilleure connaissance du génome humain ? prépare-t-elle de nouvelles méthodes de détection ou de prédiction de certaines maladies ?
Les progrès extraordinaires de la génétique que nous vivons depuis les années 1950 qui ont conduit au séquençage du génome humain ont ouvert de nouveaux champs de recherche et nous ont permis d’identifier plus de 3.000 gènes responsables de maladies humaines. Aujourd’hui, nous pouvons, non seulement réaliser des diagnostics moléculaires précis avant la naissance, mais identifier, dans certaines maladies, les sujets susceptibles de développer une pathologie. Cela a conduit à la naissance de la médecine prédictive illustrée par la découverte des gènes BRCA responsables des cancers du sein et de l’ovaire chez les femmes porteuses d’une mutation dans ces gènes. Ce sont aussi les progrès que nous avons faits dans l’analyse moléculaire des tumeurs qui permettent la mise en place de thérapies ciblées dans le traitement de certains cancers, comme le mélanome ou le cancer du poumon non à petites cellules, par exemple.
Un enfant sur deux nés en 2018 en France passera le cap des 100 ans. Sera-t-on en mesure de dépasser les limites de la performance humaine ?
À la lumière des connaissances que nous avons aujourd’hui, je ne le pense pas. Nos cellules sont programmées pour naître, vivre, se diviser et mourir. Mais peut-être un jour pourra-t-on freiner ce processus inéluctable. Tout cela est inscrit dans notre patrimoine génétique mais la connaissance de nos facteurs de risques peut nous aider et nous permettre d’être acteur de notre vie et de notre santé.
Pourra-t-on mieux évaluer l’évolution des pathologies et des maladies en fonction de l’âge ?
Oui. Nous voyons, aujourd’hui, que de nombreuses pathologies qui évoluaient rapidement vers une issue fatale sont aujourd’hui des maladies chroniques dont on peut contrôler l’évolution pendant de nombreuses années.
N’y a-t-il pas, au final, le risque de voir apparaître une médecine à deux vitesses ?
C’est, en effet, un problème de société même si nous avons la chance, dans notre pays, d’avoir un très bon système de prise en charge de la maladie et une médecine d’excellente qualité. Il est vrai, néanmoins, que le coût pharamineux des prises en charge de nouvelles thérapeutiques dans les maladies rares ou dans le cancer pose de vrais problèmes de santé publique et il est de notre responsabilité collective de faire en sorte qu’il y ait une égalité dans la prise en charge de tous les citoyens dans toutes les régions de notre territoire. C’est une exigence républicaine !
Pratique
Conférence le jeudi 8 février, à 19 h, à l’amphithéâtre de l’hôtel Mercure. Entrée : de 3 € à 8 €.