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Jean-Philippe DOMECQ

écrivain et essayiste

Sur l’imposture d’un certain art moderne

jeudi 17 mars 1994 20h30



Contre le conformisme du nouveau

L’art contemporain est-il
une imposture ? C’est la question que posa d’emblée sans fioritures
Jean-Philippe Domecq, professeur à Paris, critique d’art et écrivain,
dans une conférence donnée le jeudi 17 mars dans le cadre du programme
de " la liberté de l’esprit ". Il s’est élevé avec vigueur et
intelligence contre une sacralisation de la nouveauté qui rime trop
souvent avec absurdité.

<span
style="font-weight: bold;">" Sous seul prétexte de la
nouveauté on nous oblige à nous extasier devant n’importe quoi ",
déclare Jean-Philippe Domecq. "
Toute critique est bannie comme réactionnaire, voir fasciste ". ("
Critiquer Warhol, c’était critiquer la nouveauté, déifiée ".)

Domecq en a déjà fait l’expérience maintes fois, notamment lors de la
publication d’un numéro de la revue Esprit consacré à une appréciation
critique de l’art moderne et auquel il avait participé très activement.

Pourtant Jean-Philippe
Domecq persiste à refuser au piège de la non-critique.<span
style="font-weight: bold;"> " Il est invraisemblable que
l’on se taise devant tout ce qui nous est proposé depuis 20 ans. Il
s’agit à présent de faire le tri ".

<span
style="font-weight: bold;">" Aujourd’hui, on peut constater
une véritable sacralisation de la modernité par la modernité qui révèle
une vision de l’histoire : le XXème siècle a beaucoup cru à la table
rase, à la rupture et à la nouveauté. Cependant, la modernité n’est pas
un programme mais un constat ".

Et les avant-gardes qui se
succèdent de plus en plus rapidement n’arrivent qu’à s’opposer aux
précédentes pour aboutir finalement à un minimalisme nombriliste, à des
objets non artistiques, ni même décoratifs et encore moins utilitaire.
Bref à de simples expérimentations, auxquelles Domecq refuse d’accorder
le statut d’oeuvres d’art. Pour lui, ce ne sont plus que des " objets
spéculatifs ", car ils n’ont de valeur, sinon financière. <span
style="font-weight: bold;">" La rapidité des cycles
avant-gardistes a fait du marché de l’art un placement sûr contre
l’inflation et rentable à court terme. Les salles d’exposition sont
ainsi devenues des places financières ".

Autre problème pour l’art
contemporain : l’institutionalisation. La politique de l’État culturel
a eu pour effet de créer "
un marché autarcique où des carrières ont pu se faire grâce à l’État "
.
Et de citer Buren et Jean Pierre Raynaud.

Galerie, État, artiste,
critique d’art, tous ont pour Jean-Philippe Domecq leur part de
responsabilité dans cette impotence d’un certain art contemporain.

<span
style="font-weight: bold;">" L’art, c’est donner à voir ce
que nous avons sous les yeux et ne voyons pas (..). Une oeuvre d’art
doit épuiser les commentaires qu’elle provoque. (...). Je refuse de
m’extasier devant des imageries de Marilyn Monroe par Warhol ou devant
des rayures de 8,7 centimètres de Buren ".

J. P. Domecq a publié deux
livres : " Artistes sans art " et " Le pari littéraire ", aux éditions
Esprit (distribution Seuil).

N. B.


Des artistes sans art

<span
style="font-weight: bold;">" L’art contemporain est dominé
par un académisme néo-maniaque. Il consiste à encenser et à sacraliser
toute innovation. Il faut en finir avec le terrorisme intellectuel
orchestré par les critiques d’art. " Jean-Philippe Domecq,
en inconoclaste brillant n’a pas mâché ses mots, jeudi soir, au
Chapeau-Rouge, lors de sa conférence sur " L’imposture d’un certain art
contemporain ".

Invité de " La liberté de
l’esprit ", l’auteur de " Artistes sans art " et de " Pari littéraire
", a séduit son auditoire de 200 personnes.
 

<p
style="color: rgb(128, 0, 0); font-style: italic; font-weight: bold;">La
rupture

<span
style="font-weight: bold;">" On confond aujourd’hui
expérimentation et innovation. On donne le statut d’oeuvre d’art à des
objets spéculatifs. C’est-à-dire des objets qui servent de prétexte au
discours et qui s’insèrent dans un marché juteux. "

Pour expliquer cette <span
style="font-weight: bold;">" crise actuelle de la
représentation ", Jean-Philippe Domecq a d’abord développé
l’idée de " rupture ". "
Les avant-gardes ont toujours voulu rompre avec ceux qui les ont
précédés. A partir du cubisme, ce moment de contestation s’est
accéléré. Et on a fini par considérer comme oeuvre d’art toute
nouveauté. La " rupture " est devenue un impératif catégorique, un
programme et un préjugé. Ainsi, tout habile scélérat se croit
aujourd’hui autorisé à se dire artiste."

A ce snobisme de
l’afant-garde, entretenu par la rhétorique complaisante des critiques
d’art, s’ajoute une deuxième raison. <span
style="font-weight: bold;">" L’art est devenu aujourd’hui
une aubaine financière. En outre, la politique culturelle de l’État a
créé un marché artificiel et totalement autonome. Des grands musées
parisiens aux musées de province s’est constitué un " establishment "
qui fonctionne en autarcie complète. "

Avec beaucoup de
conviction, Jean-Philippe Domecq a tenu à défendre ses thèses
iconoclastes. " Je
refuse de m’aligner et de m’extasier devant des rayures (Buren) ou des
" imageries " de Marilyn Monroe (A. Warhol). Je refuse cette ruse de la
bêtise que nous fait croire qu’il faut être à tout prix moderne ! "

Jean-Yves BOUDÉHEN, Ouest-France<img
src="http://lalibertedelesprit.free.fr/photos/logo_ouestfrancefr.png"
alt="Ouest-France" title="Ouest-France">


Biographie

Jean-Philippe Domecq est un écrivain et essayiste français né le 13 mai 1949 à Angers.

Il est connu par son approche de l’art contemporain très critique, notamment vis-à-vis de Daniel Buren. Il est membre du comité de rédaction d’ Esprit et responsable des pages culturelles de l’hebdomadaire Marianne. Il fut chroniqueur à la revue Politis et rédacteur en chef de la revue littéraire Quai Voltaire dans les années 1990. Actuellement il est professeur de français au lycée Sainte Marie d’Antony.






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